GUIDE DE VISITE
DE CROISSY-SUR-SEINE
Quatrième
édition revue et enrichie
2006 Publication
LA MÉMOIRE DE CROISSY
Association
Historique Locale
Siège social
Hôtel de Ville - 8 avenue de Verdun
78290 Croissy-sur-Seine
Tel-fax : 01 39 76 97 05
Courriel : la memoiredecroisyy@free.fr
Site : lamemoiredecroissy.free.fr
Avant propos
- Notre ville est riche d’une
véritable histoire et d’un authentique patrimoine, édifices, objets d’art,
sites et archives...
- D’illustres
personnages y ont élu résidence ou tenu villégiature et, familiers des bords de
Seine, de grands maîtres de l’Impressionnisme en ont fait le berceau de leur
art.
- Un siècle
durant, ne fut-elle pas aussi Croissy la Maraîchère, reine enviée des Halles de
Paris....
- Tout cela
vaut bien qu’on s’y intéresse.
LA MÉMOIRE DE CROISSY,
Association Historique Locale,
est heureuse de vous proposer ce petit GUIDE
DE VISITE,
- Il a pour
simple ambition de vous rappeler combien nos monuments et nos sites sont
chargés d’histoire et nous souhaitons qu’il vous permette de mieux apprécier
encore notre patrimoine : alors, sans doute, aurez-vous à cœur,
comme nous et avec nous, de faire valoir
ces rihesses auprès des plus jeunes générations afin qu’elles les respectent et
qu’elles se préparent à en être, à leur tour, les dépositaires vigilants.
Seigneur de Croissy, ce fut longtemps un bien grand titre pour un bien
petit fief. : "en plat pays... sans coteaux exposés au soleil où mûrît
la vigne, sans gras herbages où paissent les troupeaux... Seulement une lande
pierreuse, une sablonnière nourrissant comme à regret de pauvres laboureurs."
ainsi le décrit ou l’imagine Jean-Charles Bonnet dont l’ouvrage fait référence.
( Histoire de Croissy-sur-Seine 1894.
Réédition Res Universis - 1991- )
De fait, au
creux de la Seine, qui était alors un obstacle plus qu’un lien, la seigneurie
n’était guère étendue (1000 arpents, semble-t-il, l’arpent de Paris valant un
peu moins de 35 ares) alors que l’on connaissait ici et là des fermes qui, à
elles seules, embrassaient un territoire beaucoup plus vaste.
D’abord
pêcheurs par la force des choses, les croissillons ont vivoté au fil des
siècles, sans prospérer vraiment... jusqu’à ce que des seigneurs entreprenants
encouragent la culture, louant ou vendant des terres aux habitants qui
lentement se détournèrent du fleuve pour devenir cultivateurs.
Nouvelle
chance, quand de grands serviteurs des maisons royales, découvrant la beauté et
la quiétude du site, vinrent y résider sans manquer d’attirer l’attention et
les bienfaits de leur roi ou de leur reine, telle Anne d’Autriche… ce qui assura meilleure fortune à la seigneurie.
Puis les
Maraîchers rendirent Croissy célèbre sur le carreau des Halles de Paris, y
étalant carottes poireaux et navets, les fameux "légumes pot-au-feu",
tandis que, sur nos bords de Seine, se pressaient les Parisiens du dimanche,
canotiers, danseurs... et les "grenouilles" aussi, petites femmes
enjouées et légères qui attiraient bien du monde dans le joyeux café de la
Grenouillère.
Les
Impressionnistes, eux, firent du lieu le berceau de leur art et ils l’ont
immortalisé.
Dans la
deuxième moitié du siècle dernier, les terres à carottes et les vastes champs
cultivés ont fait progressivement place aux lotissements, aux pavillons, aux
petites résidences et les 345
hectaresdu territoire sont aujourd’hui voués à
l’habitation de près de 10000 croissillons.…
La pauvre seigneurie est devenue
une charmante ville
LA MAISON DE CHARITÉ
Inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments
Historiques (1975)
Place
d’Aligre
Construite en
1852 grâce à un important legs du marquis d’Aligre, elle est l’œuvre de
Fauconnier, architecte de la ville.
Elle se
compose d’un corps central que des ailes basses relient aux deux pavillons
latéraux et présente une façade au dessin très simple, comme cela se voit
souvent à la fin du XIXème siècle.
Très vite, la commune en a fait une école primaire car
celle qui était installée au 38 Grande Rue devenait trop exiguë. A droite, les
classes des garçons, tenues par des instituteurs laïques et à gauche celles des
filles alors confiées aux Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul. L'école des filles
fut ensuite réinstallée, en 1886-87, au 5 boulevard Sainte-Marie (aujourd'hui
parc Leclerc) et à son tour, en 1938,
l'école des garçons quitta la Maison de Charité pour
rejoindre le Château que la commune venait d'acquérir.
Laissée dans un quasi-abandon, échappant même à la
destruction dans les années 1970 grâce à l'intervention de l'Association des
Amis de la Place d'Aligre et du Vieux Croissy, elle a depuis abrité de nombreux
ateliers du Service Culturel (peinture, sculpture, musique, reliure, théâtre....) et, de 1992 à 2000, le corps central a été
utilisé comme salle du Conseil Municipal et salle des Mariages.
Aujourd’hui
rénovée, elle a reçu un pavillon supplémentaire dans la cour intérieure
(ateliers de peinture) et la grande salle est maintenant réservée aux conférences, réunions et expositions.
LA GRANDE RUE
La plus
ancienne et longtemps l’unique rue de Croissy, autrefois nommée rue du Village
: c’est là que dans les siècles passés, de part et d’autre de l’ancienne église
et du Château, s’est concentrée la vie des croissillons, animée par de nombreux
artisans et commerçants.
Mais, tout au
cours du XIXème siècle, le pôle
commercial et administratif s’est progressivement déplacé vers le Faubourg
(boulevard F.Hostachy) où se sont alors installées la Mairie, la Poste et une
école tandis que la nouvelle église était construite non loin de là....
Perdant sa
fonction centrale, la
Grande Rue a lentement changé de visage et les commerces ont
fini par la déserter bien que les derniers d’entre eux aient quand même
s
En
l’arpentant aujourd’hui, on découvre
encore les maisons anciennes du village, souvent bien conservées, et l’on peut
évoquer de grands moments et de célèbres personnages de notre histoire : au
n°38, la première
Mairie-École; plus loin, cœur même du vieux village, le
Château face à l’ancienne église Saint-Martin – Saint-Léonard et au 6 bis, la Maison Joséphine.
LA PREMIÈRE MAIRIE ÉCOLE
Au 38 de la Grande Rue.
En 1788, Jean
Chanorier, seigneur de Croissy, fit construire un bâtiment à usage d’école,
dans la rue du Village (Grande Rue) sur l’une de ses terres et à ses frais.
Vendu comme
"bien national" lors de la Révolution, le bâtiment fut racheté par
Chanorier lui-même qui, à nouveau, en fit don à la commune : on y établit la
Mairie et, en 1824, l’école s'y installa également jusqu’en 1852 époque à
laquelle elle rejoignit la Maison de Charité.
Alors, seule
demeura la Mairie jusqu’en 1887, année de son transfert dans de nouveaux locaux
boulevard Sainte-Marie (boulevard F.Hostachy), au cœur de l’actuel Parc
Leclerc.
Sur la façade, on remarquera le
cadran solaire et la devise qu’il porte "Il n’est jamais trop tôt"
!
LA MAISON JOSÉPHINE
Inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments
Historiques (1974)
6 bis Grande
Rue
Elle a été
édifiée à l’emplacement d’une maison appartenant à Rossignol, fidèle serviteur
du Roi Henri IV qui y faisait étape avant et après la chasse sur ses terres du
Vésinet.
Ici
demeurèrent, entre autres, Michel Dansse, apothicaire de Louis XIII et son
épouse, femme de chambre d'Anned'Autriche, beaux-parents de Patrocle, seigneur de Croissy.
Plus tard,
Madame Campan, première femme de chambre de Marie Antoinette y fit de
nombreuses apparitions.
De 1793 à
1796, Joséphine de Beauharnais (la future Impératrice)
y séjourna avec ses enfants Hortense et Eugène, qui furent placés en
apprentissage dans le village, elle chez une couturière et lui chez un
menuisier. Barras, alors Membre du Directoire, y a aussi loué un appartement et
on a volontiers dit que le jeune général Bonaparte est venu lui rendre visite…
histoire ou légende ?
Après avoir
connu maints propriétaires, la Maison fut acquise en 1923 par
l’Assistance Publique on y installa alors un internat de jeunes filles, la Fondation Galien.
Cette
Administration a aujourd’hui transformé les lieux en logements de fonction, la
commune conservant toutefois une partie du rez-de-chaussée dans laquelle a pris
place le Musée de la Grenouillère.
LE CHÂTEAU DE CROISSY
Inscrit à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments
Historiques - 1975
Au
12, Grande Rue
On pense qu'à
cet endroit même était, à l'origine, établie une villa gallo-romaine, propriété
d'un certain Crocus. Le lieu avait alors pris le nom de Crociacum qui, au fil
des siècles, a donné Crocy puis Croissy.
Construit
dans les années 1750 par Gautier de Beauvais, Seigneur de Croissy, il a
remplacé celui qu'avait édifié au XVIe siècle l'un de ses
prédécesseurs, Jean Hennequin.
Il a
conservé, dans l’ensemble, l’aspect extérieur qui était le sien quand
l’habitait encore, à la fin du XVIIIème siècle, Jean Chanorier dernier seigneur
et premier maire de Croissy, ce qui lui vaut d'ailleurs d'être communément
appelé "Château Chanorier"
Mis en vente
en 1807, ce château a vu se succéder de nombreux propriétaires, notamment Louis
Lapeyrière, beau-père de Jean-Baptiste Bessières, maréchal d’Empire.
La famille Girod de
l’Ain l’habite en 1824 et en 1845 le comte Jacques Charles Duval d’Éprémesnil
en fait sa résidence : sa veuve et son fils morcellent la propriété qui
s’étendait jusqu’à l’actuelle rue du Saut de Loup, mettant aux enchères de
nombreuses parcelles sur la rive impaire de l’actuelle avenue d’Éprémesnil.
En 1881 la famille Auguste-Dormeuil (proche parente de celle des Dormeuil, drapiers et banquiers) devient
propriétaire du château et l’habite durant plus de cinquante ans.
Elle le vend
en 1937 : la commune fait valoir son droit de préemption, l’achète et y établit
une école que fréquenteront des milliers de jeunes croissillons, de 1938 à 1992.
Il accueille
maintenant la
Bibliothèque Municipale tandis que les grandes salles du
rez-de-chaussée sont réservées aux Expositions. Il est certain que sa destinée
culturelle s'affirmera encore dans les années à venir.
Derrière le
château s’étendait un grand parc, entre la rue d’Éprémesnil et la rue Alfred Dormeuil
Dès
l’ouverture de l’École Primaire, en 1938, il fut décidé d’installer là un
terrain de sport, une piste d’athlétisme et une piscine... mais les hostilités
ont ruiné ces projets. D’ailleurs, en 1942, on autorisa même l’abattage de
nombreux arbres pour fournir aux croissillons les moyens de chauffage qui leur
manquaient cruellement.
Le lieu est
longtemps resté sans vocation précise, accueillant à l'occasion les manèges de
la fête foraine ou les chapiteaux des cirques de passage.
Il connaît
aujourd'hui une heureuse destination finale : il se transforme progressivement
en grand jardin public d'agrément
L’ANCIENNE ÉGLISE St MARTIN-St
LÉONARD
Inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments
Historiques -1942-
Grande Rue,
en face du Château.
C’est
improprement qu'on s'obstine à l'appeler "chapelle". Construite à la fin du XIIème et
au début du XIIIème siècle, dédiée à saint Martin, elle a été, six
cents ans durant, l’église paroissiale du village.
En 1211,
l’évêque de Paris en remit la charge au Monastère Saint-Léonard-de-Noblat, dans
le Limousin.
Les nouveaux
chanoines ne tardèrent pas à apporter des reliques de leur saint patron : le
prieur prit alors le titre de curé de Saint Martin-Saint Léonard et l’église
devint le lieu d’importants pèlerinages.
Une flatteuse
tradition orale voudrait que Blanche de Castille y ait prié Léonard "saint
de la délivrance" pour obtenir la libération de son fils, le futur saint
Louis, alors prisonnier en Égypte (1250)... mais rien ne peut l’attester.
Au début du
XVIIème siècle la
reine Anne d’Autriche demanda au saint son intercession pour que vienne au monde le
Dauphin qu’elle souhaitait depuis si longtemps donner à la France. Louis XIV naquit à Saint-Germain-en-Laye en 1638 et la reine reconnaissante fut
généreuse, contribuant à la restauration de l’église et offrant de nombreux
présents, notamment un magnifique lutrin qui est encore l’une des belles pièces
du trésor de la Paroisse.
Les
révolutionnaires mirent à mal les peintures intérieures et les vitraux qui
portaient les armes royales et finalement, en 1793, l’église fut abandonnée.
C’est en 1802
seulement qu'elle fut à nouveau consacrée au culte.
Cet édifice
devenant, au fil des ans, trop petit pour une population grandissante, on
décida la construction d’une nouvelle église (Saint-Léonard) qui fut consacrée
le 15 octobre 1882.
Dès lors,
l’ancienne est désaffectée : le Conseil Municipal la met en location,
envisageant même, un temps, de la louer pour en faire une vacherie. Mais,
finalement, en 1896, elle est vendue au
peintre panoramiste Théophile Poilpot à
qui l’on doit la préservation des lieux malgré certaines transformations.
Passant
ensuite dans les mains de diverses familles, l’ancienne église redevient, en
1976, propriété de la commune qui en a fait un centre d’expositions, de
concerts et de représentations théâtrales.
On ne manquera pas d’observer :
au dessus de la porte d’entrée l’oculus (XIIIème ou XIVème
siècle) représentant la crucifixion ; devant l’autel un pavement du
XIVème siècle ; des pierres tombales de la famille de Patrocle,
seigneur de Croissy, ainsi que les fragments des décorations polychromes dont
l’église était totalement ornée et dont on parlait encore à la fin du XIXème
siècle.
LE PAVILLON HENRI IV
Au 4, avenue
des Tilleuls.
Ce pavillon
également dit "de Gabrielle" date des années 1830. Il fut construit
par le marquis Etienne Jean François d’Aligre, Pair de France, qui, à la tête
d’une immense fortune, disposait de vastes propriétés à Croissy, à Chatou et au
Pecq. Il fut d’ailleurs l’un des bienfaiteurs de la commune, lui léguant une
importante somme qui permit de construire la Maison de Charité.
De style
néo-gothique, hardi pour son époque, l’édifice mérite attention d’autant que
les propriétaires lui ont conservé son incontestable originalité, préservant
notamment les armes de la famille d’Aligre et le buste du roi Henri IV.
Il se trouve
à l’emplacement d’une ancienne maison : en le bâtissant, on a certainement
voulu rappeler les nombreux pavillons de chasse où aimait à se reposer le roi
Henri IV à l’occasion de ses chevauchées sur les terres du Vésinet... Mais il
est peu probable qu’il ait jamais séjourné en ce lieu, dans la maison d’origine
: nous savons, en effet, que venant de Rueil il traversait la Seine face à
l’ancienne église et qu’il faisait halte au 6 bis de la Grande Rue (aujourd’hui
la maison Joséphine),
chez l’un des écuyers de la Cour, Gabriel Rossignol, serviteur de confiance.
LES JUSTICES
(LE GIBET)
Avenue des
Tilleuls, face au n°2.
Il s’agit du
gibet de la seigneurie de Croissy (le Plan d’Intendance de 1782 en fait foi)
car le seigneur avait ici droit de haute justice.
Les six
pierres rondes trouées en leur centre recevaient les "bois" et composaient
ainsi trois "fourches patibulaires" : chacune d’entre elles était
constituée de deux poteaux supportant une traverse à laquelle étaient suspendus
les suppliciés. A l’origine, ces "Justices" étaient disposées en
demi-lune sur un terrain plus proche de la Seine qu’un riverain a pu acquérir
en 1899 car il constituait une enclave dans sa propriété.
L’acheteur
reçut toutefois obligation de réinstaller l’ensemble en bord de route et de
perpétuer le souvenir de ce lieu par une inscription apposée au pied de la
croix, ce qui fut fait.
LE MÈTRE ÉTALON
Sur le mur de clôture,
au coin de le rue des Ponts et de la rue au Mètre.
Le mètre
étalon aujourd’hui apposé rue au Mètre, au coin de la rue des Ponts, est une
copie offerte à la Ville en 1995 par le Baron von Stackelberg, conseiller
scientifique à l’ambassade d’Allemagne. L’original en marbre est conservé à La
Mairie.
Il s’agit
d’un des seize mètres réalisés par Chalgrin et installés dans la capitale en
1795-1796 pour aider les parisiens à se familiariser avec cette nouvelle unité
de longueur. Il fut rapporté par Louis Auguste Bourgogne, maire de Croissy
(1888), et en 1975, sa fille en a fait don à la commune.
L’ANCIEN BUREAU DE POSTE
Au 5ter,
boulevard Hostachy
Un premier
bureau de poste fut installé au n°14 de l’actuel boulevard Hostachy
(aujourd’hui Agence du Crédit Agricole). Celui qui lui a succédé fut construit
en 1897 au 5ter boulevard Hostachy par l’architecte de la commune, H.Leboeuf,
alors que s’étaient installées dans ce qui est aujourd'hui le parc Leclerc, une
école et la Mairie.
Ce Bureau est
demeuré ouvert au public jusqu’en 1970.
Sa façade
mérite d’être détaillée : l’inscription "Postes et Télégraphes",
l’horloge et le baromètre, mais surtout, sous la toiture, une frise très
originale représentant des timbres que les collectionneurs avertis identifient
"JL Sage 1876".
L’ÉGLISE SAINT-LÉONARD
Place de
l’église.
La vieille
église Saint-Martin-Saint-Léonard devenant trop petite pour accueillir tous les
fidèles, décision fut prise en 1867 d’acheter un terrain, sur le plateau situé
entre le boulevard Sainte Marie (boulevard Hostachy) et l’avenue de
Saint-Germain (avenue de Verdun), au lieudit "le clos Artus".
Mais la
construction d’une nouvelle église fut retardée par la guerre de 1870, puis par
la création, en 1875, de la Commune du Vésinet qui annexait une partie des terres de Croissy, faisant
craindre une notable diminution de la population et, enfin, par la farouche
opposition du curé d’alors qui souhaitait que le nouveau lieu de culte
soit bâti à l’emplacement même de
l’ancien.
Finalement,
en 1881, après une souscription lancée auprès des paroissiens et grâce aux
concours du Département et du Diocèse, débutèrent les travaux sous la direction
de l’architecte Jean-François Delarue qui réalisa un édifice de style
néo-gothique comme cela se pratiquait couramment à cette époque en Ile de
France.
Le 15 octobre
1882, l’église fut solennellement consacrée par l’évêque de Versailles mais il
fallut attendre 1890 pour que soit érigé le clocher, grâce, notamment, à un
legs du vicomte de Wailly.
L’abbé
Philippe, alors curé, et l’architecte ont tous deux signé cette œuvre : l’un
apparaît sur le vitrail du Sacré Cœur portant la nouvelle église en offrande
tandis que l’autre, sur le vitrail de
Saint François d’Assise, a tout simplement prêté ses propres traits au saint,
mettant en ses mains une reproduction de l’édifice.
LES BORDS DE SEINE
Depuis
l’École Anglaise jusqu’à la villa Second Empire qui marque la limite avec
Chatou, les berges de la Seine sont bordées de magnifiques propriétés et elles
offrent une promenade très goûtée des croissillons... et de leurs voisins.
A la fin du
XIXème siècle, dans un agréable ouvrage sur "Les Environs de
Paris", Louis Barron a souligné l’attirance exceptionnelle que Croissy
a pu exercer, notamment sur les parisiens en quête de villégiature, observant
qu’au gré des fortunes faites et défaites, sont venus se réfugier, au bord du
fleuve, "des millionnaires qui se ruinent et des artistes qui
s’enrichissent".
A son
lecteur, il propose d’admirer "l’éblouissante bordure de villas
raffinées... de chalets, de cottages fantaisistes, bijoux de bois et de
pierre...tapissés de rosiers multiflores".
Il chante la
séduction qui s’en dégage bien que tout cela ne semble bâti que pour une joie
éphémère et il célèbre l’animation des jardins ouverts aux regards du passant,
où se mêlent "les jeux des
enfants et la paresse des femmes".
Et la
promenade, bien sûr, conduit à la Grenouillère, lieu d’une bruyante futilité,
"joli brio de toilettes claires, de rires perlés... naïades en costumes
aquatiques, tritons en caleçons de bains...".
Parmi les villas figure, au 30 quai de l’Écluse, celle
qui a appartenu à Paul Déroulède, écrivain et homme politique (1846-1914) qui
fut même, très brièvement, conseiller municipal de Croissy en 1884.
Au 34, sur la
même berge, se trouvait la maison de son oncle, Emile Augier, auteur dramatique
et membre de l’Académie Française (1820-1889). Mais elle a été détruite et
remplacée, dans les années 1930 par la demeure moderne que l’on voit aujourd’hui : seule une plaque
sur la clôture salue la mémoire d’Émile Augier.
Proche voisin
et grand ami, Eugène Labiche, lui aussi auteur dramatique et membre de
l’Académie Française (1815-1888) résidait au n°36. Il est encore fort connu et
parfois même joué ("Le voyage de Monsieur Perrichon")
LA GRENOUILLÈRE
Site classé depuis 1986
Sur la rive
de l’île de Croissy qui fait face à Rueil Malmaison, a prospéré de 1860 à 1889,
un grand lieu de plaisir, fréquenté par les parisiens du dimanche, les
canotiers, les baigneurs, les danseurs, les artistes... et les
"grenouilles", petites femmes enjouées et légères qui attiraient bien
du monde dans le joyeux café flottant.
On y avait
aménagé deux grands pontons qui supportaient la guinguette et les cabines de
bains. Un îlot rond avait été placé dans le cours du fleuve :il fut vite
surnommé "le camembert" ou le "pot de fleurs" comme
l'écrivait Maupassant.
Le père
Seurin, constructeur de bateaux, conseiller municipal, fut le premier
propriétaire : il était le passeur sur le bras de Croissy tandis qu’un bachot à
vapeur assurait une navette depuis Rueil.
Très à la
mode, la guinguette devint célèbre et elle est immortalisée dans de précieux
tableaux. Précédés par Courbet, Turner, Prins, Manet, les peintres de l’école
Impressionniste, Monet, Renoir, Sisley et bien d’autres ont fait de nos bords
de Seine le berceau de leur art.
En Juillet 1869, les bains de la
Grenouillère reçurent même la visite de l’Empereur Napoléon III.
Après la guerre
de 1870, les bains s’encanaillèrent vraiment et l’un des grands habitués des
lieux, célèbre canotier, Guy de
Maupassant, en a fait des descriptions savoureuses.
En 1889,
alors qu’un incendie avait ravagé les
pontons, la famille
Saintard reprit l’exploitation installant sur l’île le
pavillon suédois réalisé pour l’Exposition Universelle.
Mais le
dernier propriétaire, Saint-Léger, ne put s’opposer aux grands travaux décidés
par la Direction de la
Navigation Fluvialeet en 1929, la guinguette disparut… le
"camembert" avec elle.
Une
Association, "Les Amis de la Grenouillère", s’applique
aujourd’hui à sauvegarder le site et à le faire revivre. Pour en savoir plus cliquez ici
L’ÉCOLE DU PARC LECLERC
En 1886, la commune avait acquis la propriété Simon(l’actuel parc Leclerc) pour y aménager une Mairie et y construire une école
maternelle. Mais il parut finalement plus judicieux d’édifier des locaux pour
réinstaller là l’école élémentaire des filles qui se trouvait alors dans l’aile
gauche de la Maison de Charité, place d’Aligre
Ainsi, répondant
aux exigences de la Loi qui, en 1882,
a rendu l’école laïque et obligatoire, la Municipalité
a-t-elle entrepris la construction progressive d’une école complète (3 classes
et un corps central dont le 1er étage est destiné au logement du Directeur).
Les bâtiments
d’origine subsistent dans l’actuel Groupe Scolaire Leclerc (une première fois
agrandi en 1986 et à nouveau en 2003). Ils sont tout à fait caractéristiques de
l’architecture alors réservée aux édifices scolaires : moellons ocre clair et
motifs de brique colorés ornant les baies et soulignant les angles.
L’ANCIENNE MAIRIE DU PARC LECLERC
Aujourd’hui
détruite, elle se trouvait dans ce Parc le long de la rue de Seine.
Jusqu’en
1887, la Mairie fut établie au 38 Grande Rue.
Toutefois le
centre commerçant quittait peu à peu le Village (Grande Rue) pour rejoindre le
Faubourg (boulevard Hostachy) et ses abords : aussi, en février 1886, le
Conseil Municipal décida-t-il de faire l’acquisition d’un vaste terrain (la propriété Simon,
aujourd’hui Parc Leclerc) pour y construire une école, y installer une mairie
et y aménager "la grande place des fêtes qui manquait à la commune".
Ce fut une agréable Mairie de petit bourg... mais la
population a cru rapidement (5000 en 1960, 9000 au début des années 90) et
l’édifice, exigu, mal adapté mais pourtant si cher au cœur des croissillons, a
été détruit en 1992-93.
Un temps installée, au coin de la rue Maurice Berteauxet de la rue de
l’Équerre, la Mairie a rejoint, en octobre 2000, des locaux nouveaux, bâtis au
8 de l’avenue de Verdun.
LES CROIX DE NOTRE VILLE
ã La Croix de la Bataille
Celle qu’on
ne peut plus voir, car elle a disparu.
Située entre
l’ancienne église et le château, elle commémorait la bataille qui eut lieu en
846 (ou 856 ?) : les Normands avaient traversé la Seine de Charlevanne
(Bougival) jusqu’à un lieu dit Mauport, sur les berges de Croissy et ils s’étaient alors livré à un véritable
massacre de la population qui résistait.
En 1644, à la
demande du seigneur François Patrocle, cette croix fut réinstallée au coin de
la rue de l’Abreuvoir.
A nouveau
déplacée en 1821, elle a totalement disparu avant la fin du XIXème siècle
.
ã La Croix des Justices
On la voit aujourd’hui sur le site des Justices face au
n°2 de l’avenue des Tilleuls.
Il pourrait
bien s’agir de la "croix de la Mission" qui commémorait la venue à Croissy d’Antoine Portail, proche disciple
de saint Vincent de Paul, venu en 1630 prêcher une mission dans la pauvre
église laissée à l’abandon par le seigneur huguenot du moment, Jacques
Robineau.
D’abord
placée à la limite de Chatou, dans le prolongement de la rue de la Procession,
elle a été par la suite installée au milieu des Justices.
ã La Croix dite "celtique"
A l'intersection de l'avenue de Verdun et de l'avenue
de Saint-Germain (Carrefour de la Croix)
La croix
d'origine, en bois, avait pris le nom de son donateur, Croix Pierron.
Pour la
protéger des intempéries on avait du la peindre d'ocre et de sanguine, ce qui
lui valut, un temps, l'appellation de "Croix Rouge".
Vaincue par
la vétusté en 1883, elle fut remplacée par la croix métallique que l'on voit
aujourd'hui. C'est le cercle postérieurement ajouté pour des raisons
inconnues qui lui donne une allure celtique.
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