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La maison Joséphine

6 bis, Grande Rue
Inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1974

C'est au milieu du XVIème siècle qu'un bourgeois parisien, Jehan Pierre, acquiert du Seigneur de Croissy une terre sur laquelle il fait construire la première maison "bourgeoisement" habitée à Croissy.

Cette grande propriété constitue déjà une maison d'été et de rapport pour ses différents propriétaires.
L'emplacement avait d'ailleurs été judicieusement choisi : en bord de Seine, il permet d'embrasser un panorama exceptionnel depuis les coteaux du Mont Valérien jusqu'à ceux de Rueil et de la Celle, mais il est suffisamment en retrait pour éviter les crues du fleuve dont le niveau connaissait, à l'époque, de fortes variations.

Grand témoin des siècles passés, cette maison n'a pas beaucoup inspiré les peintres ou les graveurs. Pourtant ses murs ont certainement abrité ou caché de grands moments de l'histoire de notre cité et, peut-être, de l'histoire de France : Henri IV, Anne d'Autriche, le jeune Louis XV, Joséphine de Beauharnais, Barras, Bonaparte ont eu, à un titre ou à un autre, une relation avec ce lieu.

En 1562, la veuve de Jehan Pierre vend ce bien à Louis Besnard dont le gendre, Gabriel Rossignol est, en sa qualité d'archer des gardes du corps, l'un des serviteurs proches du Roi Henri IV. Et il est établi que le souverain fréquenta cette belle demeure pour s'y reposer quand il venait chasser dans ses terres du Vésinet.

Au début du XVIIème siècle, la propriété, entourée de sept quartiers de vigne, s'étendait jusqu'au terrain compris entre l'actuelle rue de l'Abreuvoir et la rue du Colifichet.

Louis XIII et Anne d'Autriche comptent, dans leur cour, des catholiques convaincus qui, pour certains d'entre eux, s'installent à Croissy : ainsi l'abbé de Bourgeade , prédicateur ordinaire du Roi et de la reine, puis Michel Dansse, apothicaire du corps de sa majesté, avec Marie Lambert, son épouse, femme de chambre de la reine. C'est eux qui amenèrent Anne d'Autriche au sanctuaire de Saint Léonard où il est dit qu'elle pria pour que soit donné un dauphin à la France.

Leur fille, Louise, allait s'allier en 1643 à François Patrocle, écuyer ordinaire de la Reine, seigneur de Croissy qui consacra sa vie à la prospérité de cette seigneurie et ne ménagea pas sa peine pour en assurer le développement économique et urbain.

Durant les cinquante années suivantes la demeure vit se succéder de hauts personnages du Royaume

et la maison prit alors l'allure d'un véritable hôtel particulier, avec des jardins aménagés en terrasse et trois escaliers donnant sur le fleuve par une balustrade en bois.

Plus tard encore, on note une série d'occupants parmi lesquels Madame Campan, éducatrice des enfants de Louis XV et première femme de Chambre de Marie-Antoinette.

Puis, en septembre 1793, c'est Joséphine de Beauharnais, la future impératrice des Français qui s'installe dans l'un des appartements. Trois ans plus tard, Barras, Membre du Directoire, rejoint la Maison de la Grande Rue et, du coup, il n'est pas impossible que le général Bonaparte lui ait rendu rendit visite, d'aucuns osant imaginer qu'il y rencontra Joséphine....mais même si cela est charmant, la preuve reste à faire...

Alors que Croissy devient le premier village maraîcher des alentours de Paris, la Maison Joséphine s'endort pour un siècle.

Grâce au legs financier que lui a fait Mademoiselle Louise Augustine Victorine Galien, l'Assistance Publique de Paris fait l'acquisition de la Maison en 1926 pour y implanter un orphelinat de jeunes filles. Un autre orphelinat existait d'ailleurs déjà, depuis 1890, tenu par les Soeurs de la Providence de Saint Vincent de Paul, rue Parallèle (actuellement rue Charles Bémont).

La propriété est amputée de certaines parcelles qui seront vendues tandis que, dans le parc, est construit un grand bâtiment en briques , le "Pavillon Neuf" qui accueille cuisines, réfectoires, ateliers et dortoirs.

La Fondation Galien ferme ses portes en 1972 et les lieux sont laissés à l'abandon pendant de nombreuses années avant que se réalise la transformation en appartements de fonction réservés au personnel hospitalier de l'Assistance Publique.

Au rez-de-chaussée, toutefois, la Mairie loue un local aujourd'hui occupé par le "Musée de la Grenouillère".

Cette histoire serait incomplète si l'on n'évoquait pas le terrible crime qui fut perpétré en ces lieux, dans la nuit du 17 avril 1989 où la gardienne et son père furent assassinés......


D'après un texte de Michelle et Bernard Certain, locataires dans cette maison de 1982 à 1998